Le Monde

Este archivo solo abarca los artículos del periódico incorporados a este sitio a partir del 1 de septiembre de 2006.

Nota informativa: Le Monde es un periódico francés editado en París. Fue fundado en 1944 por el periodista Hubert Beuve-Méry. Tiene implementado un «muro de pago» por lo que es necesario suscribirse para tener acceso a todos sus contenidos. Más información en su página de suscripción.

Un pétrolier, près de Novossibirsk (Russie), le 16 octobre 2019. CASPIAN PIPELINE CONSORTIUM / VIA REUTERS

Avec la mise en place d’économies de guerre pour faire face à Moscou, les écologistes voient s’amenuiser l’espoir d’une lutte efficace contre le changement climatique. Pourtant les deux causes – défendre l’Ukraine démocratique et réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) – ne sont pas contradictoires. L’histoire de la Russie depuis 1991 suggère que, sans coup d’arrêt aux visées de son président, Vladimir Poutine, le défi climatique risque d’être encore plus sacrifié, et le monde sera encore plus livré à l’extractivisme.

En mars 2022, quelques jours après le début de l’invasion militaire massive de l’Ukraine, le philosophe et sociologue des sciences Bruno Latour (1947-2022) l’affirmait dans un de ses derniers textes [publié dans la revue AOC] : « La seule chose dont je suis sûr, absolument sûr, c’est qu’il ne faut en aucun cas choisir entre ces deux tragédies » – contenir l’agression contre Kiev et atténuer la catastrophe climatique à venir.…  Seguir leyendo »

Manifestation devant le siège de l’Usaid, à Washington, le 3 février 2025. KENT NISHIMURA / REUTERS

Avec la brusque interruption des aides américaines, l’Europe se trouve, de fait, propulsée au premier rang mondial des financeurs de l’aide humanitaire internationale. Comment l’Union européenne (UE) va-t-elle se saisir de cette position de leadership qu’elle n’a pas choisie ? Faire preuve d’indifférence ? Renforcer son influence ? Ou au contraire opérer, elle aussi, un repli financier déjà amorcé par certains pays membres avant l’arrêt de l’aide américaine ? Ces questions surgissent logiquement à quelques semaines du prochain Forum humanitaire européen, qui doit se tenir à Bruxelles au mois de mai.

Les ONG sont dans l’incapacité financière, technique et diplomatique de changer seules l’équation humanitaire mondiale.…  Seguir leyendo »

Les ravages de la guerre au Soudan ne trouvent que peu d’écho dans l’opinion mondiale et dans le jeu des puissances. La conférence internationale pour le Soudan, le 15 avril, à Londres, coprésidée par la France, doit faire sortir du silence ce que l’ONU qualifie de « plus grande crise humanitaire mondiale ». Nous, parlementaires engagés pour l’amitié franco-soudanaise, appelons à une mobilisation déterminée de la communauté internationale pour venir en aide aux populations civiles. Face à une paix introuvable, l’acheminement d’une aide humanitaire doit être la priorité.

Les mots peinent à rendre compte de la catastrophe que connaît le Soudan depuis l’éclatement du conflit entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), il y a deux ans.…  Seguir leyendo »

Le message « Nous sommes ensemble », déployé devant l’ambassade des Etats-Unis à Moscou, le 19 mars 2025. NIKITA BORISSOV / AFP

Pendant les vingt-deux années qui ont précédé la guerre, Poutine a accumulé des réserves gigantesques. Entre 2000 et 2021, le budget de la Russie affichait un excédent moyen de 0,9 % du produit intérieur brut – un exploit – utilisé pour réduire la dette publique et alimenter des fonds de réserve. Dans le même temps, le déficit budgétaire moyen était de 4 % du PIB en France et de 4,5 % aux Etats-Unis.

Malgré une hausse des dépenses militaires d’environ 3 % ou 4 % du PIB, due à la guerre, la Russie a terminé l’année 2024 avec un déficit public de seulement 1,7 % du PIB.…  Seguir leyendo »

Manifestation d’opposants russes au régime de Vladimir Poutine, à Berlin, le 1ᵉʳ mars 2025. RALF HIRSCHBERGER / AFP

Depuis son retour au pouvoir, le président des Etats-Unis, Donald Trump, redouble d’efforts pour convaincre son homologue russe, Vladimir Poutine, d’accepter un cessez-le-feu en Ukraine. Si un tel accord venait à être conclu, il y a fort à parier qu’il inclurait une levée – partielle ou totale – des sanctions que les Etats-Unis ont imposées contre la Russie depuis 2014. Un tel scénario poserait la question de la pertinence et de l’efficacité de représailles purement européennes à l’encontre de Moscou. De telles mesures seraient probablement plus efficaces qu’il n’y paraît et les Européens ont, avec les sanctions, un atout de choix pour peser dans les négociations sur l’avenir de l’Ukraine.…  Seguir leyendo »

Dès le lendemain de la condamnation de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national (FN) au Parlement européen, le Rassemblement national (RN) s’est déchaîné contre la « tyrannie » des juges. « Le pays est en train de vaciller sur ses principes, sur ses valeurs, a affirmé la cheffe de file du parti d’extrême droite, le 1er avril. Tous ceux qui n’ont que l’Etat de droit à la bouche sont généralement les premiers à chercher à violer l’Etat de droit. »

Les magistrats se sont-ils abusivement « ingérés dans la façon dont les élus conduisent leur mandat », comme le prétend Mme Le Pen ?…  Seguir leyendo »

« Réarmement », « endettement », « effort ». Ces mots claquent au moment où le cliquetis des armes résonne en Ukraine, menaçant la sécurité de l’Europe, et donc de la France. Trois fois celle-ci s’est réarmée au XXe siècle : avant 1914, avant 1939 et au début de la guerre froide. Une comparaison est utile pour distinguer ce qui est neuf et ce qui ne l’est pas.

On a tort aujourd’hui d’évoquer une « économie de guerre ». Celle-ci implique une mobilisation totale des ressources humaines, financières, industrielles au service d’un conflit en cours. Les dépenses militaires représentent entre 15 et 25 % du PIB en 1914-1918 et 35 % en 1939-1945.…  Seguir leyendo »

Début mars, les constructeurs automobiles ont obtenu un assouplissement des normes CO₂ : ils disposent désormais de deux années supplémentaires pour atteindre l’objectif de réduction de 15 % des émissions par rapport à 2021, soit jusqu’à fin 2027. Le non-respect de ces obligations les expose à des amendes.

Le coup de bluff a été habile : en brandissant le risque de subir des pénalités exorbitantes, l’industrie a obtenu un sursis. Leur manœuvre prolonge la commercialisation des modèles thermiques à forte marge bénéficiaire et sacrifie 880 000 véhicules électriques – tous ceux qui ne seront pas vendus entre 2025 et 2027 –, freinant ainsi leur démocratisation.…  Seguir leyendo »

Donald Trump à la Maison Blanche à Washington, le 2 avril 2025. CARLOS BARRIA / REUTERS

A l’été 1914, les bénéfices du siècle de paix relative qui avait suivi la défaite de Napoléon à Waterloo (1815) étaient de peu de valeur aux yeux des Européens. Comme le raconte l’historienne Barbara W. Tuchman dans son livre Août 1914 (Presses de la Cité, 1962), l’opinion publique à Berlin, à Paris, à Londres et à Vienne fut emportée par une vague d’euphorie collective – une excitation fiévreuse face aux avantages attendus d’une guerre mondiale rapide et décisive. Ils n’obtinrent que quatre années de misère et de dévastation.

Un sentiment similaire de bravade malavisée semble imprégner l’administration du président américain, Donald Trump, qui poursuit son assaut imprudent contre l’ordre économique mondial et l’architecture de sécurité internationale ayant prévalu les quatre-vingts dernières années.…  Seguir leyendo »

A Harasta, dans la banlieue de Damas, le 1er avril 2025. OMAR SANADIKI / AP

Un matin de ce mois de mars, avant un rendez-vous dans la vieille ville de Damas, je croise un jeune garçon d’une douzaine d’années, accompagné d’un adulte. Il me demande de l’argent pour manger. La méfiance est bien présente, tant les histoires d’enfants exploités par des réseaux criminels pour mendier sont connues. Mais je ne peux m’empêcher de répondre à la détresse dans son regard. Je lui tends quelques billets de 5 000 livres syriennes, l’équivalent de quelques euros, de quoi acheter du pain pour quelques jours pour une famille. Je l’observe quelques instants après lui avoir donné l’argent. Il reprend son chemin en prenant affectueusement la main de l’adulte, qui ne peut être que son père.…  Seguir leyendo »

Manifestation à Istanbul, le 29 mars 2025, pour protester contre l’arrestation du maire de la ville, Ekrem Imamoglu, principal opposant au président turc, Recep Tayyip Erdogan. ED JONES / AFP

Le 19 mars, le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, accusé de corruption, a été arrêté peu après avoir annoncé sa candidature à l’élection présidentielle turque de 2028. Beaucoup ont perçu cette décision comme une tentative politique du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir, de neutraliser une figure majeure de l’opposition. Cette arrestation a déclenché des manifestations à travers tout le pays, sous l’impulsion d’une partie de la population souvent taxée de dépolitisation : la génération Z [les personnes âgées de 15 à 25 ans, grosso modo].

La jeunesse est descendue dans la rue en nombre, défiant à la fois le gouvernement et une opposition jugée trop passive.…  Seguir leyendo »

Lors d’une manifestations contre l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, à Istanbul, le 23 mars 2025. FRANCISCO SECO / AP

Depuis l’arrestation, le 19 mars, du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, sur la base d’accusations manifestement fabriquées de corruption et de terrorisme, la place Taksim, principal site touristique de la ville et centre des protestations politiques, est restée vide, bouclée par la police. Au cours des cinquante années que j’ai vécues à Istanbul, je n’ai jamais vu autant de prétendues mesures de sécurité dans les rues que lors de ces derniers jours.

La station de métro de Taksim et de nombreuses autres parmi les plus fréquentées de la ville ont été fermées. Le gouvernement régional a restreint l’accès des voitures et des bus interurbains à Istanbul.…  Seguir leyendo »

Lors d’une manifestation à Istanbul, le 22 mars 2025, pour protester contre l’arrestation du maire de la ville, Ekrem Imamoglu. KHALIL HAMRA / AP

Un vaste mouvement de contestation s’est soulevé en Turquie, le 19 mars, après l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, le principal rival du président Recep Tayyip Erdogan. Venu du Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste), le maire d’Istanbul est également à la tête du « consensus urbain », l’alliance formée avec le Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM, prokurde) et des éléments de la société civile turque. Face aux charges de « corruption » et de « terrorisme » retenues contre lui, ses soutiens répondent que son arrestation n’est rien de moins qu’un « coup d’Etat ». Dans quarante-cinq provinces, les milieux progressistes se sont rassemblés pour manifester malgré une répression brutale.…  Seguir leyendo »

Une manifestation dans les rues d’Istanbul, le 25 mars 2025, en réaction à l’arrestation du maire de la ville, Ekrem Imamoglu, et principal opposant au président, Recep Tayyip Erdogan. ANGELOS TZORTZINIS / AFP

L’incarcération du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, avec des dizaines d’élus et de responsables municipaux, constitue sans aucun doute un coup d’Etat. Mais un coup d’Etat à l’envers. Le coup n’est pas porté cette fois par les militaires contre le gouvernement, mais il est ourdi par le pouvoir contre le dernier espace qui reste de la démocratie : les élections à compétition ouverte. En décidant de faire éliminer son principal rival de la compétition électorale par le moyen de la justice, [Recep] Tayyip Erdogan a franchi le Rubicon.

A la tête d’un régime hyperprésidentiel taillé sur mesure, il a pris la décision d’aller au bout de l’autocratie, quoi qu’il en coûte pour le pays et probablement pour lui.…  Seguir leyendo »

Abdullah Öcalan, chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a, le 27 février, depuis sa prison, appelé le mouvement à déposer les armes et à se dissoudre, arguant qu’il avait accompli sa mission. Après plus de quarante ans de lutte armée – d’abord pour un Kurdistan indépendant, puis pour une administration autonome à l’intérieur des frontières de l’Etat turc –, Abdullah Öcalan estime que la création d’un Etat-nation séparé, d’une fédération ou d’un système d’autonomie administrative, ne répond pas aux besoins de la communauté kurde et que la démocratie est le seul modèle de gouvernance viable.

L’appel d’Öcalan a suscité plusieurs déclarations de différentes branches de son organisation à travers le Moyen-Orient et la diaspora kurde.…  Seguir leyendo »

Sous la violence des chocs qu’elle subit aujourd’hui, l’Europe s’engage dans un effort de défense massif. Parce que la pratique est d’afficher des chiffres, l’Union européenne (UE) prévoit de consacrer 800 milliards d’euros à son réarmement. Les 27 chefs d’Etat et de gouvernement reconnaissent que l’essentiel de cet effort viendra des budgets des Etats – auxquels appartient la responsabilité de défense – et que l’UE doit les aider à faire l’effort financier nécessaire : c’est-à-dire drainer les investissements privés et lever les entraves réglementaires, tout en renforçant les incitations à la coopération. Jamais le langage n’a été aussi clair sur la souveraineté, l’autonomie et la nécessité de développer une base industrielle et technologique européenne solide.…  Seguir leyendo »

Tout spectaculaires que puissent être les performances des ChatGPT et consorts, et malgré les indécentes compétitions budgétaires, à coups de centaines de milliards de dollars, auxquelles se livrent nos dirigeants, dont Emmanuel Macron, l’Europe a définitivement perdu la bataille de cette famille de logiciels, et ce pour plusieurs raisons.

D’abord, l’essentiel des processeurs graphiques nécessaires à l’exécution efficace de ces LLM [large language model, « grand modèle de langage », un modèle d’apprentissage automatique capable de comprendre et de générer des textes] se trouve concentré dans les mains d’un seul acteur américain, Nvidia, qui n’a de cesse d’afficher ses histoires d’amour avec les maîtres des Gafam [Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft].…  Seguir leyendo »

Le nouvel axe formé par Donald Trump et Vladimir Poutine compromet sérieusement l’avenir européen de l’Ukraine. Pratiquement lâché par Washington dans les pourparlers saoudiens, le pays se retrouve à la merci de son pire ennemi, qui n’a pas renoncé à l’objectif d’y réinstaller un régime à sa botte. Un cessez-le-feu provisoire ne suffira pas à l’en dissuader. Les Ukrainiens n’ont plus que les Européens comme véritables alliés. Pour arrêter la guerre, ils ont besoin avant tout de garanties de sécurité crédibles, avec une force de maintien de la paix importante. Mais aussi d’être assurés de pouvoir rejoindre l’Union européenne (UE), gage de sortie durable de l’emprise russe, comme l’ont accompli les Baltes avant eux et comme y aspirent Moldaves et Géorgiens.…  Seguir leyendo »

Face à la menace que représente la Russie pour le continent européen, le réarmement de l’Europe est une priorité urgente et vitale. Cette prise de conscience se traduit déjà par des annonces audacieuses de l’Union européenne (UE) et, en Allemagne, par la décision historique de l’Union chrétienne-démocrate, de ses alliés bavarois et du Parti social-démocrate d’exclure la défense et les infrastructures (routes, voies ferrées, etc.) des règles de discipline budgétaire inscrites dans la Constitution (le « frein à l’endettement »). La volonté politique est plus forte que jamais en Europe, où l’on commence même à estimer les forces terrestres qui seront nécessaires pour dissuader Vladimir Poutine d’une agression.…  Seguir leyendo »

Qui combattra lors de nos prochaines guerres ? Ou plutôt qui combattra à notre place lors de nos prochaines guerres ? Cette question, qui planait depuis longtemps sur nos têtes – ignorée, repoussée, refoulée –, est devenue lancinante depuis la trahison de Donald Trump. Car il ne doit pas subsister le moindre doute sur ce point : le 47e président des Etats-Unis d’Amérique est un traître à ses amis, à ses alliés et, surtout, aux valeurs séculaires de sa nation.

Chaque jour, désormais, on débat de la nécessité d’une « défense européenne commune », de l’augmentation des investissements voués à financer nos dépenses militaires, et même de la possibilité de déployer nos soldats le long du front ensanglanté qui sépare Ukrainiens et Russes.…  Seguir leyendo »