Libération (Continuación)

Mécontent de la destitution d’un président ukrainien prorusse par un soulèvement pro-occidental, Vladimir Poutine réplique en annexant la Crimée.

Ce que Nikita Khrouchtchev avait donné à l’Ukraine en 1954, Vladimir Poutine le reprend en 2014. Vu de l’Ouest, ce geste brutal confirme le retour à une forme de guerre froide entre la Russie et l’Occident. L’objectif affiché, protéger la population russe de la péninsule et assurer la sécurité de la base navale de Sébastopol, affirme une force, mais cache mal une frustration : la prise de la Crimée entraîne la perte de l’Ukraine. Surtout, elle trouble les autres pays postsoviétiques du Caucase et de l’Asie centrale.…  Seguir leyendo »

Près d’un quart de siècle d’amertumes et d’humiliations effacées par la grâce d’une modification de frontières à la hussarde. Vladimir Poutine, l’homme qui regrette la grandeur de l’Union soviétique mais pas son incurie économique, n’a pas manqué une si belle occasion. Soutenu par la majorité de l’opinion russe, et par une partie non négligeable des libéraux, son coup de force en Crimée sonne comme l’heure d’une revanche attendue depuis des années. Revanche sur l’histoire avec la dissolution de l’URSS et du pacte de Varsovie au début des années 90 (pendant que l’Otan s’étendait jusqu’à la frontière avec l’Ukraine), suivie par la décadence vertigineuse de la Russie sous Boris Eltsine.…  Seguir leyendo »

Ils sont israéliens et palestiniens et ils ont payé le prix le plus élevé dans le conflit sanglant qui s’éternise. Eux, c’est Rami, qui a perdu sa fille Smadar, 13 ans, dans un attentat en 1997 ; c’est Bassam, le père d’Abir, 10 ans, tuée par la balle d’un soldat en 2007 ; c’est Robi, qui a perdu son fils David, 29 ans, en 2002 ; c’est Bushra, mère de Mahmoud, mort à 18 ans, en 2008. Eux et bien d’autres sont membres du Forum des familles israéliennes et palestiniennes, qui a pour objectif la paix et la réconciliation.

Leurs moyens de collaborer à une action éducative et publique pour promouvoir la reconnaissance de la douleur et de la souffrance de l’autre ; agir en faveur des processus de réconciliation entre les peuples, et briser ainsi le cercle vicieux du deuil.…  Seguir leyendo »

Près d’un million de morts en seulement cent jours : le génocide de la minorité tutsie, qui s’est déroulé au Rwanda il y a exactement vingt ans, constitue la plus fulgurante tentative d’extermination de l’Histoire contemporaine. Pourquoi cet événement reste-t-il si mal connu, et si peu reconnu ? C’est une des interrogations à laquelle tente de répondre l’historien Jean-Pierre Chrétien dans son dernier livre, Rwanda, Racisme et Génocide, l’idéologie hamitique (1). Ce spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs y analyse aussi les raisons qui ont rendu possible un tel massacre. Car il a fallu des années de propagande, de falsification de l’Histoire, imposée notamment par le colonisateur, et de stigmatisation de l’Autre pour convaincre les esprits de la nécessité du pire.…  Seguir leyendo »

La lune de miel est terminée. Voilà maintenant huit mois que Hassan Rohani est président de la République islamique d’Iran et si peu de progrès en matière de droits de l’homme. Huit mois pendant lesquels le pouvoir judiciaire iranien a exécuté 524 personnes, dont au moins dix-sept prisonniers politiques. En dépit des promesses répétées du Président, plus de 800 prisonniers politiques sont toujours derrière les barreaux, la liberté d’expression toujours restreinte et les exécutions en augmentation. Depuis le 1er janvier 2014, 176 personnes ont été pendues. Et, dernièrement, trois experts indépendants des Nations unies ont affirmé que l’utilisation faite par l’Iran de la peine de mort était tout à fait illégale et ont demandé au gouvernement de stopper les exécutions, un appel réitéré par le Haut-commissariat aux droits de l’homme : «Nous regrettons que le nouveau gouvernement n’ait pas changé son approche concernant la peine de mort.…  Seguir leyendo »

J’habite en Italie depuis trois ans. J’y assiste à la ruine d’un pays, mais aussi à la mort de la politique. Berlusconi, à sa manière grotesque, incarnait cette mort ; mais depuis que l’Italie a réussi à se débarrasser plus ou moins de lui, d’autres noms propres - Bersani, Monti, Letta, aujourd’hui Renzi - se succèdent dans le vide, élargissant par leur échec cette mort de la politique dont Berlusconi n’était donc pas le dernier mot.

La spéculation financière, arrivée à son état de décomposition le plus rentable, remplace le monde, désormais caduc, des décisions. Les oligarchies, qu’on appelait naguère «mafias», règnent à la place de l’Etat, et c’est logique : l’argent se sert de l’Etat puisque l’Etat n’est là que pour servir l’argent.…  Seguir leyendo »

Depuis le balcon de sa maison, l'écrivain ukrainien Andreï Kourkov a été un témoin privilégié du Mouvement du Maidan, de l’espoir suscité par les premières manifestations à la répression de février.

J’habite à cinq cents mètres du Maidan. Depuis mon balcon, on peut apercevoir les bulbes du clocher de la cathédrale Sainte-Sophie. Quand des amis viennent chez moi, je leur montre ces symboles de l’antique cité de Kiev. Mais, ces derniers mois, mes amis d’autres villes et d’autres pays ne viennent plus à Kiev. Et du haut de mon balcon je regarde souvent la fumée qui s’élève au-dessus du centre de la ville.…  Seguir leyendo »

A l’heure où la confrontation russo-ukrainienne prend un tour dramatique, la tentation est grande de s’en tenir à des analyses à l’emporte-pièce : d’un côté, la Russie, un Etat héritier d’une histoire millénaire qui plongerait ses racines dans un Empire des steppes aux improbables origines européennes, toute à l’ivresse de retrouver sa puissance passée. Face à elle, l’Ukraine, un jeune Etat victime d’un impérialisme prédateur, fragilisé par sa diversité linguistique et culturelle, mais rassemblé par un projet démocratique et européen.

La Crimée, début d’une reconquista russe ? La réalité est plus complexe. Après la pérestroïka et le chaos des années Eltsine, la «nouvelle Russie» semble renouer avec son histoire : l’extension continue d’un territoire d’un seul tenant, au sein duquel les «terres de la nation russe» se mêlaient, au point de ne plus s’en distinguer.…  Seguir leyendo »

Nul acteur ne veut le conflit ouvert. L’armée ukrainienne est quasi inexistante. L’Otan et les Européens protestent en sachant que «bien évidemment ils ne feront rien…» Quant aux Russes, quels motifs ont-ils de se lancer dans l’aventure ? Les russophones ne sont pas plus menacés en Crimée que dans le reste du pays. Une Ukraine éclatée serait pour Moscou un cauchemar. Et la Russie dont l’économie chancelle n’a nul intérêt à se charger de la catastrophe économique de son voisin. De plus, Kiev et Moscou sont mutuellement très dépendantes en matière énergétique : la première pour ses approvisionnements, la seconde pour ses exportations.…  Seguir leyendo »

Comme l’a reconnu John Kerry à Kiev, les religions en Ukraine jouent depuis trois mois un rôle pacificateur et unifiant déterminant. Elles ont favorisé l’unité nationale, résisté à un Etat corrompu et assisté les familles de «la centurie céleste» comme on appelle désormais en Ukraine les victimes des 19 et 20 février à Maidan. Ceci est aussi reconnu par les hommes politiques qui ont combattu ensemble et qui sont eux-mêmes catholiques (Arseni Iatseniouk, le Premier ministre), protestants (Olexandre Tourtchinov, le président du Parlement) et orthodoxes (Vitali Klitschko, candidat aux présidentielles). Après la victoire de l’opposition, qui s’est déroulée légalement par un vote des députés de la Rada en faveur d’une restauration de la Constitution de 2004, un vent de réconciliation des Eglises orthodoxes s’est mis à souffler au sein des communautés ukrainiennes.…  Seguir leyendo »

Mes amis ! Nous sommes à un seuil. Non pas celui qui mène à l’incorporation d’un nouveau sujet au sein de la Fédération de Russie. Mais le seuil qui mène à la destruction du système qui régit les relations internationales, du chaos économique et d’une dictature. Il nous mène à une guerre avec le peuple auquel nous sommes le plus intimement liés, les Ukrainiens, à une détérioration grave de nos relations avec l’Europe et l’Amérique et à une guerre froide qui pourrait se transformer en conflit militaire.

L’histoire se répète. Autriche, début mars 1938. Les nazis veulent étendre le territoire du Reich aux dépens d’un autre Etat allemand.…  Seguir leyendo »

Les machinations qui ont porté au pouvoir le nouveau Premier ministre italien, Matteo Renzi, qui n’a jamais été membre du Parlement, ont été orchestrées par deux des plus anciens et habiles parrains politiques du pays : le président, Giorgio Napolitano, âgé de 88 ans, et Silvio Berlusconi, l’ancien Premier ministre de 77 ans condamné par la justice. A 39 ans, Renzi peut croire qu’il détient le pouvoir, comme peuvent le penser ses ministres âgés en moyenne de 48 ans (dont deux femmes de 33 ans). Ils réaliseront sous peu qu’ils contrôlent à peine le gouvernement. Les rênes de celui-ci sont trop glissantes car imprégnées de la sueur des anciens.…  Seguir leyendo »

Une «intervention», qu’elle soit économique, militaire ou politique est une affaire qui se prépare à l’avance, surtout si l’on souhaite lui conserver un certain caractère de spontanéité. Ce n’est pas aux responsables du Kremlin qu’il faut apprendre ce b.a.-ba de la stratégie. La Crimée, aspirant si soudainement à plus d’autonomie, est un territoire où le pouvoir russe a ses habitudes et que le régime Ianoukovitch a encore contribué à renforcer. Les accords sur la flotte de la mer Noire permettant aux bâtiments russes de rester sur le territoire jusqu’en 2042 étaient assortis d’autres facilités. Dont la possibilité pour les services de sécurité des deux pays d’y travailler légalement.…  Seguir leyendo »

Le 30 mars doit avoir lieu, en Crimée, un référendum sur le statut de la péninsule. Les résultats de celui-ci pourraient-ils entraîner une remise en cause de l’appartenance de la Crimée à l’Ukraine et son éventuel rattachement à la Russie ? Sans nier la persistance d’aspirations sécessionnistes chez une partie de la population régionale, cette perspective ne semble pas faire l’unanimité parmi l’ensemble des habitants de la péninsule.

En effet, que les habitants de la Crimée soient majoritairement d’origine russe, russophones, attachés à un monde russe, enclins à voter pour des candidats ou des partis qui prônent le maintien de liens étroits entre l’Ukraine et la Russie ne signifie pas nécessairement que la majorité de la population aspire encore au rattachement.…  Seguir leyendo »

C’est un combat politique et humain que les Ukrainiens ont remporté. Ils ont choisi la non-violence et la posture politique, l’occupation de la Cité. «Nous y sommes, nous y restons», me disaient les manifestants sur Maidan en décembre. Il suffisait de les voir, de les entendre, pour prendre la mesure de leur tranquille détermination à tenir debout jusqu’au départ de Viktor Ianoukovitch. Jamais un mot de trop, pas de haine, et une bonne dose de dérision sur eux-mêmes. Le plus remarquable dans l’attitude des Ukrainiens est leur lucidité sur ce qu’ils ont manqué, sur les erreurs de la coalition Orange après 2005, sur leur coupable inertie face à un régime incapable et corrompu, sur le rôle nuisible du pouvoir russe.…  Seguir leyendo »

Les scandales alimentaires qui se sont succédé au sein de l’Union européenne (UE) ces dernières années (crise liée à la bactérie E.coli en 2011, scandale de la viande de cheval en 2013) ont mis en avant la préoccupation des consommateurs pour la qualité des produits qu’ils consomment et ont suscité de nombreux débats. Si les soucis, écologiques et sanitaires sont devenus primordiaux dans l’opinion, il n’en est pas toujours de même s’agissant des questions sociales que recouvre une partie des productions agricoles.

A l’approche du printemps, comme chaque année, les étals européens se garnissent de fraises en provenance d’Espagne, et particulièrement de la province de Huelva.…  Seguir leyendo »

Un des bénéficiaires collatéraux de la victoire des opposants de Maidan, c’est l’Europe. Même si l’accord d’association s’est éloigné des préoccupations des Ukrainiens, le désir d’Europe n’aura pas disparu. Or, l’Ukraine nouvelle doit prendre conscience que la réforme du système économique et politique est la condition de l’approfondissement des liens avec l’Union européenne (UE). Pour l’assister dans ces réformes, il y aura les instruments du Partenariat oriental réformé et les nouvelles dispositions d’aide au redressement économique. La haute représentante doit mandater un représentant permanent de l’UE pour le monitoring de ces préparatifs. Le désir d’Europe restera ainsi intact.

Mais il y a un autre aspect positif pour nous, Européens.…  Seguir leyendo »

Les diplomates européens, tout silencieux soient-ils, sont à pied d’œuvre afin de trouver une issue politique à la crise funeste qui ensanglante l’Ukraine. Mais s’il est important de faire pression sur le président Ianoukovitch afin de limiter l’usage de la force armée contre les manifestants, il ne l’est pas moins de soutenir publiquement les velléités démocratiques de ceux qui bravent le pouvoir.

L’idée avait émergé à la fin de l’Union soviétique d’intégrer immédiatement les pays s’étant libérés du joug du Kremlin. Finalement, devant le défi de la transition économique et la certitude que les pays satellites ne retourneraient nullement dans l’orbite de Moscou, l’Europe s’était donné du temps.…  Seguir leyendo »

Après deux séjours en Ukraine en un mois, il me semble nécessaire de clarifier deux choses sur la révolution, car c’est bien ce dont il s’agit en ce moment en Ukraine. Bien que nommé «Euromaidan», le mouvement n’a aujourd’hui d’Euro que le nom. Il ne s’agit pas d’opposer pro-européens aux pro-russes, ni gentils démocrates occidentaux aux méchants partisans de la Russie. En fait, ni l’Europe ni la Russie n’ont à gagner à voir la crise durer, crise qui rend exsangue le pays et crée des tensions au sein de la société qui nécessiteront de longues années à cicatriser.

Il s’agit actuellement d’un mouvement différent de celui débuté en novembre après l’échec de l’accord d’association avec l’Union européenne.…  Seguir leyendo »

De nombreux lieux de massacres continuent d’ensanglanter la planète. Deux situations témoignent particulièrement de la nécessité et de l’urgence d’agir. Chaque jour, et désormais dans une relative indifférence, la Syrie voit s’accroître le nombre de victimes tuées, blessées, réfugiées, d’un conflit de plus en plus inextricable, et explosif pour les pays voisins. Dans un autre contexte, la République centrafricaine continue de connaître son cortège d’exactions et l’accumulation des haines entre les diverses composantes de sa population.

Dans le premier cas, la communauté internationale a manifesté sa totale impuissance, faute d’accord pour intervenir de toutes les grandes puissances concernées en raison de leurs intérêts divergents.…  Seguir leyendo »