Quel avenir pour Cuba après la mort d'Hugo Chavez ?

La mort du leader vénézuélien rebat les cartes en Amérique latine. Pour s'octroyer un soutien diplomatique dans sa fronde anti-impérialiste, Hugo Chavez n'a jamais hésité à utiliser la manne pétrolière du Venezuela. Le régime castriste peut en témoigner puisqu'il est l'un des principaux bénéficiaires des largesses du "Comandante".

En effet, Caracas fournit quotidiennement à La Havane pas moins de 100 000 barils à un prix nettement inférieur à celui du marché. La bonne volonté d'Hugo Chavez vis-à-vis du régime castriste est telle qu'on estime que le gouvernement de Cuba revend jusqu'à 40% du pétrole fourni par le Venezuela.

Par ailleurs, depuis 1999, les deux pays ont noué une myriade de partenariats, de projets de coopération, créé de nombreuses coentreprises et une somme énorme d'IDE a circulé de Caracas vers l'île des Caraïbes. Fidel Castro a lui-même évalué que le Venezuela investit environ 7 milliards de dollars par an via divers moyens.

La générosité d'Hugo Chavez envers le régime castriste ne reflète pas seulement une connivence idéologique qui a l'avantage de palier à l'aide que fournissait l'URSS à Cuba jusqu'en 1991. En fait, les frères Castro ont apporté leur soutien à Hugo Chavez très tôt, dès 1994. Immédiatement après sa sortie de prison suite au coup d'Etat raté qu'il a mené contre le président démocratiquement élu Carlos Andrés Pérez, Hugo Chavez rencontre pour la première fois Fidel Castro. A partir de là, une amitié solide se tisse entre les deux hommes qui aboutira à une collaboration étroite entre les deux pays une fois Hugo Chavez élu président en 1999. Par la suite, les liens n'ont jamais été distendus et Hugo Chavez aura même cette expression "Venecuba" pour définir à quel point les deux pays sont proches.

INFLUENCE CUBAINE AU VENEZUELA

Le décès du "Comandante" a dû certainement provoquer quelques sueurs froides à La Havane. En effet, sans le soutien du Venezuela, le pays, malgré les réformes engagées par Raul Castro, sombrerait en quelques semaines. Les Cubains ont toutefois protégé leurs arrières et possèdent des hommes fidèles au régime un peu partout à Caracas, aussi bien au palais de Miraflores, qu'à l'Assemblée nationale ou au sein de l'armée. On estime en effet que plus de 5000 conseillers militaires et politiques servent dans l'administration et les forces armées au Venezuela. Aussi, le service de renseignement cubain, le G2, a su se rendre indispensable au cours des années, sachant garder un oeil sur les opposants au régime chaviste et allant jusqu'à assurer la protection personnelle du "Comandante".

Le nouvel homme fort du Venezuela, Nicolas Maduro, qui a été désigné par Hugo Chavez comme son successeur, et qui a de fortes chances de remporter l'élection présidentielle du 14 avril prochain, est un homme des Cubains. Il a fait ses armes dans l'île au début des années 90, officiellement pour suivre des études de sciences politiques mais, plus certainement, pour s'imprégner de l'idéologie et des méthodes du régime castriste.

STATU QUO DIPLOMATIQUE

Pour seul programme, ce dernier a simplement assuré qu'il va continuer la révolution chaviste. En termes de politique étrangère, le régime de Cuba pourrait par conséquent encore profiter pendant de longues années de la prodigalité de Caracas tout comme le fait sans complexe la Chine. Pékin, qui a envoyé une délégation impressionnante aux funérailles du leader vénézuélien, a certainement été rassuré d'entendre Nicolas Maduro annoncer le renforcement du partenariat Venezuela-Chine en fin de semaine dernière. Le Venezuela livre ainsi, chaque jour, 640 000 barils de pétrole à la Chine qui s'assure que son accès préférentiel aux premières réserves de pétrole mondiale subsiste.

Echange de bons procédés, Pékin ayant apporté une généreuse assistance au président Chavez lors de la campagne présidentielle d'octobre 2012 sous la forme de produits de consommation (machines à laver ou encore micro-ondes) à prix extrêmement réduits pour les Vénézuéliens. Une forme de populisme comme une autre.

Nicolas Maduro n'aura certainement pas le charisme d'Hugo Chavez pour apparaître comme un leader régional mais il semble certain qu'il va continuer à mener une politique étrangère dans la droite ligne de celle menée depuis 1999. Pékin et La Havane peuvent être rassurés : la fourniture de l'or noir vénézuélien leur est garantit au moins pour les six ans à venir.

Christopher Dembik (rédacteur en chef de Forex.fr, membre de la Fondation Concorde)

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