Trente-cinq millions de personnes aujourd’hui sont porteuses du sida, dont 3,2 millions d’enfants. Chaque année, de nouvelles personnes sont contaminées et on estime leur nombre à 2,1 millions uniquement pour 2013. Malheureusement, alors que de nombreux malades continuent de souffrir et de mourir, l’attention portée au sida n’est plus aussi importante que dans le passé.
Ce n’est pas seulement une tragédie pour ceux qui sont affectés par la maladie, c’est un manquement moral de la part du monde entier. Nous ne pouvons pas abandonner les populations les plus vulnérables à leur détresse et les laisser s’éteindre dans un silence coupable. Nous serions complices à tout jamais de ce fléau si nous le laissions se développer sans réagir. Attendre n’est pas une option.
En notre qualité de maires de Paris et de New York, nous pensons que les villes ont une obligation particulière à mener le combat et à attirer l’attention sur le besoin urgent d’agir. On estime que 60% des personnes infectées aujourd’hui vivent en ville, en partie parce qu’elles migrent fréquemment vers les villes lorsqu’elles apprennent leur maladie.
Ce 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida, se tient une réunion des maires à Paris pour donner un coup de projecteur sur ce problème et renforcer la réponse des villes du monde entier. Notre mission est simple : aider l’Onusida à atteindre l’objectif de sa stratégie accélérée et mettre fin à cette épidémie mortelle d’ici à 2030.
Cette campagne commence par un premier pas très simple : la prise de conscience. Il est de première importance que le monde reconnaisse que le sida n’appartient pas au passé.
Nous devons encore informer de la manière dont le sida se transmet en faisant un effort particulier dans les régions et auprès des populations les plus touchées en les encourageant à se faire dépister, ce qui ouvre la voie à des traitements qui leur sauveront la vie.
Des progrès fantastiques ont été accomplis dans le traitement du sida de telle sorte qu’il ne soit plus obligatoirement la sentence de mort qu’il a été. Mais une véritable solution médicale nous échappe encore. Nous devons consacrer des investissements plus importants à la recherche.
Les scientifiques, les professionnels de santé, les ONG et les militants du monde entier font un travail important mais ils ont besoin d’aide. Il n’y aura aucune avancée thérapeutique sans une mobilisation massive, cohérente et organisée. L’endiguement du VIH doit devenir une priorité locale, nationale, européenne, américaine et mondiale. Cela signifie que nous devons tous nous engager, à tous les niveaux et partout dans le monde. Individuellement, nous devons comprendre qu’aucun effort n’est dérisoire, et que nous sommes tous les pièces essentielles d’une solution mondiale. Collectivement, nous pouvons unir nos forces, nos ressources et notre détermination.
Les villes ont un rôle décisif à jouer dans ce combat. Elles sont affectées de façon disproportionnée par la maladie mais elles sont aussi dans une position particulièrement favorable pour contribuer à la solution. Les villes accueillent un nombre important de grands centres médicaux mondiaux, de fondations philanthropiques et d’ONG. Ces résidents des villes peuvent tous jouer un rôle primordial pour inverser le cours de l’épidémie de sida.
Tout aussi important, les villes ont toujours été des moteurs de la pensée, à l’avant-garde des nouvelles idées et des mouvements sociaux. Si les villes travaillent ensemble, elles peuvent former un écosystème où s’inventent les solutions innovantes, ou s’expérimentent les dispositifs d’avenir. En notre qualité de maires de villes mondiales, nous sommes convaincus qu’elles peuvent être porteuses d’un puissant élan d’espoir et de progrès.
Aujourd’hui, en tant qu’élus locaux, nous voulons réaffirmer notre volonté résolue de lutter contre le VIH dans tous les pays où il sévit. Pour atteindre l’objectif de l’Onusida de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030, nous devons nous efforcer de faire des progrès constants. Notre premier objectif est de nous assurer que, d’ici à 2020, 90 % des personnes porteuses du VIH connaissent leur statut sérologique, que 90 % des personnes dont l’infection au VIH a été diagnostiquée bénéficient d’un traitement antirétroviral régulier, que 90 % des personnes sous traitement antirétroviral auront une charge virale indétectable.
Le sida n’est pas seulement une crise sanitaire, c’est une crise des droits de l’homme. Il met en danger des vies et la santé, il répand la discrimination et la stigmatisation et il crée des populations qui sont exclues et vulnérables. Nous devons combattre tous ces aspects de la maladie - y compris l’inégalité dans la manière dont la maladie est diagnostiquée et traitée. Nous resterons fidèles aux principes fondateurs des droits de l’homme et nous tendrons la main à tous ceux qui, aujourd’hui, se sentent exclus ou vulnérables.
Il y a beaucoup à faire. Nous devons réunir des ressources importantes pour combattre le sida, sur le plan médical, juridique, social et administratif. Et nous devons éduquer. Plus nous attendrons, plus il y aura de personnes qui seront infectées, qui souffriront et qui mourront inutilement.
Anne Hidalgo, maire de Paris. Bill de Blasio, maire de New York.