Toujours plus d’exécutions en Iran: ne restons pas silencieux!

Le 18 novembre, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté sa résolution annuelle dans laquelle elle exprime sa préoccupation concernant les violations des droits de l’homme dans la République islamique d’Iran, notamment la hausse du nombre d’exécutions dans le pays. Aujourd’hui, l’Iran est le premier pays exécuteur par habitant au monde. Sa pratique de la peine de mort est particulièrement dure et peu respectueuse des lois.

Sans surprise, cette résolution a reçu un soutien important parmi les nations francophones, comme la Centrafrique, Haïti, le Cameroun et la France.

Cependant, plusieurs pays ne se sont pas joints au consensus international, notamment le Sénégal, le Rwanda, le Laos, la Tunisie et le Gabon, qui se sont abstenus de voter. Ce silence est décevant. Et, malheureusement, les Comores ont voté contre la résolution malgré un vote contraire l’an dernier.

En privé, certains diplomates expliquent que l’élection d’Hassan Rohani en tant que président de la République islamique, ainsi que l’amélioration des relations politiques avec l’Iran, les rendent moins enclins à voter de telles résolutions. Toutefois, tous les rapports indiquent que la situation en matière de droits de l’homme, en particulier concernant le recours à la peine de mort, s’est détériorée.

L’exécution de Reyhaneh Jabbari, le mois dernier, aurait dû attirer l’attention de tous sur cette dégradation. Malgré les appels internationaux, les autorités ont exécuté la jeune femme reconnue coupable du meurtre d’un homme qui avait tenté de l’agresser sexuellement. Le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a aussitôt condamné cette exécution, en pointant des irrégularités en matière de respect du droit.

Malheureusement, Reyhaneh Jabbari n’est pas un cas isolé. Depuis juin 2013, date d’entrée en fonction de M. Rohani, 870 exécutions ont eu lieu en Iran, soit en moyenne deux personnes exécutées chaque jour. C’est le taux annuel le plus élevé depuis 20 ans. En outre, ces condamnations à mort font généralement suite à des aveux obtenus sous la torture et à des procès tenus en l’absence d’avocat pour l’accusé.

Selon l’ONU, environ 63% des exécutions en Iran documentées depuis 2011 concernent des crimes liés à la drogue, qui ne correspondent pas au critère de gravité du crime imposé par le droit international. Certaines personnes auraient même été exécutées pour activisme politique pacifique.

En outre, l’Iran n’a pas encore supprimé la peine de mort pour les délinquants mineurs. Au moins 13 mineurs ont été exécutés en 2014.

Paradoxalement, les relations entre l’Iran et la communauté internationale s’améliorent alors que le nombre d’exécutions en Iran atteint des proportions effarantes. Lorsque le secrétaire général des Nations unies a récemment exprimé son désarroi face aux politiques d’exécution du pays, le responsable du système judiciaire iranien, Sadegh Larijani, a répondu: «Qui est Monsieur le Secrétaire général pour nous dire que nous devons arrêter les exécutions?»

Aujourd’hui plus que jamais, il est primordial de se concentrer sur les droits de l’homme et de mettre la peine de mort en tête de l’ordre du jour lors de tout dialogue avec l’Iran. Les Nations unies doivent être le fer de lance des réformes visant à réduire l’application, puis à abolir la peine de mort.

M. Rohani a été élu sur la base de son programme et de ses engagements en matière de droits de l’homme. En Iran, l’opinion publique est de plus en plus opposée au recours à la peine de mort, en particulier aux exécutions en public, aux condamnations liées à la drogue et aux exécutions de mineurs. Ce changement de vues de l’opinion publique ne se limite pas aux défenseurs des droits de l’homme, ni à la société civile. Plusieurs dignitaires religieux font entendre leur voix contre certains aspects de la peine de mort.

Fin décembre, l’Assemblée générale se réunira à nouveau pour adopter formellement la résolution relative aux droits de l’homme en Iran. En votant oui, les nations francophones auront une nouvelle opportunité de rappeler aux Iraniens et à leur gouvernement que le droit à la vie est une préoccupation internationale.

Mahmood Amiry-Moghaddam (directeur général d’Iran Human Right) et Raphaël Chenuil-Hazan (directeur général d’Ensemble contre la peine de mort)

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