Une Journée pour le peuple syrien

Depuis plus d’une année, le conflit syrien force le monde huma­nitaire à se poser des questions fondementales sur son positionnement dans un contexte aussi complexe que celui de la guerre civile qu’on veut parfois nous faire prendre pour une guerre de religion.

Alors même que les gendarmes du monde se font silencieux et attendent qu’une solution s’installe d’elle-même, des dizaines de milliers de civils sont poussés à l’exil, pour fuir les bombardements et la répression.

Le 13 novembre, la Chaîne du bonheur organise sa Journée nationale en faveur des victimes et des réfugiés du conflit syrien. Elle sait qu’elle devra affronter des réactions diverses de la part du public. Il y aura ceux qui voient immédiatement la finalité de cette opération: alléger les souffrances de ceux qui ne sont pas partie prenante au conflit en donnant aux organisations suisses d’entraide soutenues par la Chaîne du bonheur la possibilité de fournir un travail à la hauteur des besoins. Mais il y aura aussi ceux qui penseront: «A quoi bon?», ou pire: «Est-ce que mon geste de soutien ne va pas favoriser l’une ou l’autre partie au conflit?»

La longue histoire de la Chaîne du bonheur a presque toujours montré que le sentiment d’humanité prévalait sur les réticences liées aux contextes militaro-politiques. Par le passé, dans le droit fil de la tradition humanitaire suisse, le public a manifesté son soutien dans des proportions souvent inespérées.

Pourtant, les principes fondamentaux de l’action humanitaire – neutralité, impartialité et indépendance – nous donnent des valeurs solides sur lesquelles nous appuyer pour soutenir les activités humanitaires et pour renforcer notre appel avec l’organisation d’une Journée nationale.

Dans un contexte tel que celui du conflit syrien, l’application de ces principes humanitaires est loin d’être une priorité pour les politiques et les combattants. Cela ne doit pas nous freiner, au contraire, nous devons tout mettre en œuvre pour agir en faveur des victimes.

Or, les interventions humanitaires se font rares dans la région. Ce sont les organisations locales qui assurent l’essentiel de la tâche en Syrie même, où le niveau de l’aide reste insuffisant en raison des conditions d’insécurité qui prévalent dans les zones d’affrontements. Il est par contre plus surprenant qu’au Liban et en Jordanie, où des dizaines de milliers de Syriens ont trouvé refuge dans des camps ou chez l’habitant, le déploiement de l’action humanitaire soit encore si limité. L’argument invoqué est que de nombreux pays habituellement donateurs renoncent à soutenir l’engagement humanitaire. Ainsi, plusieurs organisations internationales importantes sont aux abonnés absents.

Le tableau est différent si on observe l’implication des organisations humanitaires suisses. L’action du CICR est bien connue et, en tant qu’ancien collaborateur de cette institution, j’admire une fois de plus le travail extraordinaire effectué par ses délégués dans un contexte complexe et dangereux. Mais le CICR n’est pas seul. Des organisations partenaires de la Chaîne du bonheur telles que Caritas, la Croix-Rouge suisse, Terre des hommes – Aide à l’enfance, EPER, Medair, Médecins du monde, Han­dicap International et Solidar conduisent des projets très concrets en faveur des victimes parmi les plus vulnérables en Syrie et pour soutenir les réfugiés au Liban et en Jordanie.

L’aide arrive sur place. Elle est concrète. Elle est ciblée. Mais son volume est encore largement insuffisant, raison pour laquelle La Chaîne de bonheur attend beaucoup de sa Journée nationale de solidarité du 13 novembre.

Nous sommes confiants que la population, les milieux associatifs et les entreprises en Suisse, souvent inspirés par une émotion éclairée, sont bien placés pour comprendre et appliquer les principes humanitaires sans concession, indépendamment des contextes, des avantages ou désavantages que notre pays pourrait en tirer. Grâce à leur soutien, le but de cette Journée sera atteint.

Tony Burgener, director de Chaîne du bonheur

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