Face à la crise en Catalogne, l’heure du fédéralisme européen?

Manifestant pro-union lors d’un rassemblement de l’organisation Société civile catalane. Barcelone, 8 oct. 2017. © ALBERT GEA
Manifestant pro-union lors d’un rassemblement de l’organisation Société civile catalane. Barcelone, 8 oct. 2017. © ALBERT GEA

La crise catalane est une épreuve de force pour l’Espagne, mais également pour l’Union européenne (UE) dans son ensemble. Nombreuses sont les voix qui demandent à cette dernière d’intervenir. Mais la présence de l’Etat espagnol parmi ses membres ainsi que les séparatismes latents dans plusieurs autres pays européens conduisent l’UE à se montrer très prudente.

L’Europe des régions

On peut imaginer que la situation serait très différente si l’Europe s’était construite sur un autre modèle – le fédéralisme. Avec un transfert progressif et raisonnable des missions régaliennes (défense, affaires étrangères) et des outils macroéconomiques (budget européen accompagnant la monnaie unique) à un organe central, les Etats européens pourraient davantage se consacrer aux enjeux «citoyens» touchant à l’environnement, à l’économie régionale et locale, aux transports, etc.

Ainsi les enjeux séparatistes se dessineraient moins selon l’ancien schéma d’une quête d’indépendance par rapport à un Etat tout-puissant, mais plutôt d’une autonomisation progressive dans le cadre d’une Europe «parapluie». Ce serait l’illustration idéale d’un autre modèle régulièrement évoqué: celui d’«Europe des régions». Bien entendu, ces modèles devraient s’accompagner d’un système de validation démocratique irréprochable à tous les niveaux.

Suivre l'exemple de la Suisse?

Ceux qui considèrent cet idéal comme totalement naïf pourraient tourner leurs regards vers la Suisse. La manière dont la crise jurassienne a été traitée est un modèle du genre. Dans le cadre stable et protecteur de la Confédération, le canton de Berne a pu laisser une partie de sa minorité francophone créer un nouveau canton souverain sans que cela tourne à la guerre civile.

Et la Suisse a aussitôt pu accueillir ce dernier en son sein. La Suisse, une fois de plus – n’en déplaise aux conservateurs qui ne veulent en faire qu’un Sonderfall – est un magnifique exemple de modernité démocratique et peut servir de modèle pour l’Europe entière. Il n’est dès lors pas surprenant que celle-ci offre ses bons offices dans la crise catalane.

Conférence de Montreux

Dans ce contexte, il est intéressant de se souvenir que la Suisse fut une étape importante pour la construction du mouvement fédéraliste européen. Sous l’impulsion notamment du philosophe neuchâtelois Denis de Rougemont, une importante conférence réunissant les leaders de ce courant fut convoquée à Montreux en 1947.

Celle-ci allait contribuer de manière importante à la construction européenne dans son ensemble. Septante ans plus tard, la section vaudoise du nouveau mouvement européen suisse (nomes) réunit historiens et jeunes engagés dans le débat public pour mettre en lumière cette réflexion fédéraliste, plus actuelle que jamais.

Axel Marion, président du NOMES Vaud.


Samedi 14 octobre 2017, Collège de Montreux (av. Gare 33), 14h-17h, entrée libre, inscription sur nomesvaud@gmail.com

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