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Par son ingérence de plus en plus agressive dans la destinée du Groenland, le camp Trump fait voler en éclats le consensus fragile entre Nord-Américains, Européens et peuples du Grand Nord autour de l’idée d’une décolonisation progressive, pacifique et respectueuse des intérêts de tous. Cet exceptionnalisme arctique, patiemment construit depuis la fin des années 1980, est pulvérisé au profit d’un discours suprémaciste tressé de contrevérités.

Prenez par exemple les propos du vice-président américain, J. D. Vance, sur Fox News, le 2 février : « Il y a des routes maritimes que les Chinois et les Russes utilisent et, très franchement, le Danemark, qui contrôle le Groenland, ne fait pas bien son travail.…  Seguir leyendo »

Quelques heures après son investiture, Donald Trump a signé un décret présidentiel annonçant la sortie des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il met ainsi à exécution un retrait qu’il avait déjà amorcé à la fin de son premier mandat, mais que Joe Biden avait interrompu lors de son arrivée au pouvoir. Selon les règles de l’organisation onusienne, un Etat membre doit notifier son retrait douze mois à l’avance, soit un départ effectif en janvier 2026. Mais, à l’heure actuelle, il n’est pas certain que le gouvernement américain respecte ce calendrier.

Les conséquences de ce retrait sont claires. D’un côté, l’OMS perd un de ses plus gros financeurs, de nombreux experts placés au sein de l’institution, un canal diplomatique d’échange d’informations avec le gouvernent américain et ses influentes institutions, et (potentiellement) l’accès à un réseau de 71 centres collaboratifs américains.…  Seguir leyendo »

Depuis les propositions d’achat du Groenland formulées par Trump, un ambivalent récit du minerai se déploie. Le sous-sol groenlandais est tantôt perçu comme outil indispensable à l’indépendance, tantôt comme objet de convoitises des grandes puissances. Si le processus minier est imbriqué dans la construction de l’Etat groenlandais, l’analyse des enjeux extractifs ne doit cacher ni l’agentivité et la pluralité des acteurs locaux, ni la longue histoire de leurs luttes contre les impérialismes. Cette image d’une île vue avant tout comme réserve de minerai, alors même qu’une seule mine est actuellement en activité, réactive un vieux récit colonial : celui du Groenland comme terre sauvage et sa population comme victime impuissante des influences étrangères.…  Seguir leyendo »

Trump avait promis de mettre fin à la guerre en Ukraine « en 24 heures ». Il l’aura fait en un mois, après une conversation téléphonique d’une heure et demie avec Poutine, le 12 février... aux conditions de ce dernier. La négociation se fera entre Américains et Russes uniquement ; la Russie obtient ses deux principaux objectifs de guerre : l’Ukraine ne rentrera jamais dans l’Otan, tandis que la Russie conservera les territoires conquis militairement en Crimée et dans le Donbass. Les relations économiques reprendront entre Américains et Russes avec la levée des sanctions, également prévue.

Les Européens (avec les Ukrainiens bien sûr) sont les grands perdants de ce tournant de l’Histoire.…  Seguir leyendo »

Face aux ambitions de Donald Trump et son intention de « prendre » le Groenland au Danemark, la Chine de Xi Jinping reste pour l’instant muette. Elle poursuit cependant un double objectif dans l’Arctique. L’un est économique, et notamment minier, l’autre est stratégique : diffuser son influence sur Nuuk, la capitale de l’île, pour répliquer à l’influence des Etats-Unis sur Taïwan.

Le Groenland apparaît comme la nouvelle frontière minière mondiale. Ses richesses minérales de ses plus de 2 millions de km² semblent immenses en minéraux : béryllium, cobalt, cuivre, diamants, feldspath, gallium, hafnium, lithium, molybdène, nickel, niobium, or, platinoïdes, strontium, tantale, terres rares, titane, uranium, vanadium, tungstène… En outre, le potentiel réel du pays reste inconnu.…  Seguir leyendo »

Les 15 et 16 février, les États membres de l’Union Africaine (UA) se réuniront à Addis-Abeba pour un sommet qui sera scruté de très près en raison de l’élection du prochain Président de la Commission, à l’issue des deux mandats mitigés de quatre années chacun du Tchadien Moussa Faki Mahamat.

Confronté à une prolifération de conflits et à l’enrayage des mécanismes de maintien de la paix sur le continent africain, le nouveau président devra prendre ses responsabilités et pousser l’UA à redoubler d’efforts. L’élection du nouveau président pourrait servir de catalyseur pour une Union Africaine plus impliquée et active dans les crises continentales.…  Seguir leyendo »

Savez-vous ce qu’ont en commun les batailles de Salamine (480 av. J.-C.), de Crécy (1346), de la Marne (1914) ou d’Angleterre (1940) ? En dépit de leur espacement chronologique, ce sont quatre exemples de combats dont l’issue a été largement déterminée par un même facteur : la vitesse. Qu’il s’agisse de la manœuvrabilité des flottes, de la rapidité de la détection, du ravitaillement ou de la maintenance, une armée capable d’opérer sur un rythme supérieur à son adversaire a bien souvent bénéficié d’un avantage décisif.

Or, c’est précisément ce que promet l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans les systèmes de défense.…  Seguir leyendo »

La France n’a pas besoin de plus d’ immigration pour compenser la baisse de sa population active. Elle doit remettre ses chômeurs au travail, reconvertir les compétences libérées par l’ IA et moderniser un État hypertrophié.

Les études démographiques (France Stratégie, le Conseil d’orientation des retraites, etc.) sont unanimes : la baisse des actifs est une menace majeure pour notre économie et pour notre modèle social. Face à cela, la seule réponse envisagée est l’immigration. Nous perdons des actifs, allons nous servir ailleurs. Une solution de facilité qui ignore nos trois immenses réservoirs de main-d’œuvre disponibles.

Avec plus de trois millions de chômeurs, la France dispose du réservoir de main-d’œuvre dont elle a besoin pour la prochaine décennie.…  Seguir leyendo »

Pour la plupart des Syriens, la chute de Bachar Al-Assad, ou plutôt sa fuite éhontée, a représenté un moment de bonheur absolu. Le nouveau dirigeant, Ahmed Al-Charaa, impressionne par son charisme. Pour autant, le caractère imprécis de ses plans pour l’avenir et sa pratique du pouvoir pour l’instant très centralisée, voire autoritaire, inquiètent ; sans compter son passé djihadiste, bien sûr, et, au moins aux yeux d’une partie de la population, son orientation islamiste. Il ne dispose que d’une force en fait limitée – peut-être une trentaine de milliers d’hommes –, alors que des groupes armés plus ou moins alliés ou rivaux, en nombre très supérieur, quadrillent des pans entiers du pays.…  Seguir leyendo »

En se retirant pour la seconde fois de l’accord de Paris, Donald Trump ne fait qu’entériner la mort administrative d’un traité mort-né. Voici deux semaines, en annonçant que l’année 2024 était la première à avoir dépassé les 1,5°C, le site européen Copernicus en avait déjà signé le certificat de décès scientifique.

Principal fruit de la COP 21 de 2015, cet accord avait enthousiasmé tous les grands de la planète réunis au Bourget pour la bonne cause. Il faut malheureusement reconnaître qu’après dix années d’application, le compte n’y est vraiment pas : les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter régulièrement et les consommations de pétrole, de gaz et de charbon continuent de battre des records année après année.…  Seguir leyendo »

L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi et le travail est au cœur des débats contemporains, les avancées récentes de l’IA générative et les LLM (large language models ou grands modèles de langage) mettent de nouveau au premier plan le débat sur les effets de ces technologies sur l’emploi et le travail. Certains voient dans son adoption une promesse de productivité et de compétitivité accrue, y compris pour des professions souvent perçues comme vulnérables. D’autres, comme Daron Acemoglu [prix Nobel d’économie 2024], appellent à une IA « au service de l’être humain », mettant en garde contre des usages qui, loin d’améliorer les conditions de travail, les dégradent et creusent les inégalités.…  Seguir leyendo »

Robert Badinter (1928-2024) nous a quittés il y a un an. Pour lui, la justice pénale internationale, à l’essor de laquelle il a consacré toute son énergie, était une exigence. Selon ses propres termes, « la longue marche du droit international contre l’impunité des grands criminels tend vers un ordre juridique mondial de nature à satisfaire l’universalité des droits de l’homme ». Comment pourrait-on interrompre cette marche ? Que dirait-il s’il était encore présent à nos côtés alors que le droit international humanitaire est piétiné ? Ce n’est pas travestir sa pensée que d’oser dire qu’il serait désespéré, mais aussi déterminé car il ne baissait jamais les bras.…  Seguir leyendo »

D’Henri Alleg pendant la guerre d’Algérie à Michel Foucault, les grandes figures de gauche ont toujours dénoncé l’usage de la torture. Avant que les exactions du Hamas ne les rendent aveugles à ce fléau, déplore le philosophe.

Quand la gauche était de gauche, l’un de ses marqueurs était la critique de la torture. Mais c’était avant que le nihilisme ne la contamine. La voilà désormais qui, comme au bon temps de la Sainte Inquisition médiévale, fait l’éloge de la « question » en estimant qu’elle est un moteur efficace de la réalisation de l’Histoire, efficace et… éthique car progressiste !

C’est en effet Beccaria, philosophe des Lumières, qui, avec son traité Des délits et des peines, a réglé son compte à la torture en estimant qu’elle était indigne de l’homme.…  Seguir leyendo »

Si elle est légitime, la crainte causée par les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle (IA) ne doit pas occulter ses promesses réelles dans certains domaines comme la recherche médicale ou la science des matériaux. Concernant la seconde, j’ai eu la chance de visiter, il y a douze ans, le Materials Project des laboratoires de Berkeley. Les chercheurs étaient en train d’élaborer de nouveaux outils informatiques qui seraient capables de balayer des millions de données sur les caractéristiques des matériaux. Puis, à partir de ces savoirs encyclopédiques, de proposer des pistes de développement de nouveaux matériaux et alliages sur des recettes préétablies.…  Seguir leyendo »

Le jeudi 24 janvier, le premier ministre du Japon a délivré son discours de politique générale. Comme nombre de ses prédécesseurs, il a lancé une de ces formules magiques vide de sens dont les hommes politiques ont le secret. Pour l’ancien premier ministre Shinzo Abe c’était «utsukushii kuni», «le beau Japon», pour Shigeru Ishiba, ce sera «tanoshii kuni», «le Japon fun, le Japon du plaisir».

Malgré un discours creux, comme c’est souvent le cas, Ishiba a repris avec force cette fois, une de ses promesses, à savoir le «remodelage» de l’archipel - rien de moins !…  Seguir leyendo »

La révolution de l’intelligence artificielle (IA), et plus particulièrement le développement spectaculaire de l’IA générative, suscite des débats passionnés. Tandis que certains économistes redoutent un impact négatif sur l’emploi en raison de l’automatisation, nous pensons au contraire que cette révolution peut transformer positivement nos économies, à condition de s’y adapter avec les bonnes politiques publiques.

L’IA peut accélérer la croissance de la productivité de deux manières : en automatisant les tâches nécessaires à la production de biens et de services, mais aussi en facilitant l’innovation. Des études récentes confirment cette dynamique : par exemple, dans une entreprise américaine de service client, les employés utilisant un assistant IA ont vu leur productivité augmenter de 14 % dès le premier mois et de 25 % après trois mois.…  Seguir leyendo »

La menace militaire proférée par Donald Trump le 7 janvier à l’encontre du Groenland, territoire constitutif du royaume du Danemark, un Etat membre de l’OTAN, a marqué un tournant pour les pays nordiques. Ce jour-là, l’allié américain, qui était considéré comme assureur sécuritaire en dernier ressort, est devenu menace. Face à ce choc de confiance d’une intensité inouïe, Copenhague n’a pas oublié qu’il avait souscrit à une autre assurance, bien utile en cas de crise : l’Union européenne. Comme pour le rappeler à Washington, la première ministre danoise, Mette Frederiksen, s’est rendue le 28 janvier à Berlin et à Paris avant d’aller au siège de l’OTAN à Bruxelles.…  Seguir leyendo »

Il y a quelques jours, nous apprenions la disparition définitive d’un petit échassier des zones humides, le courlis à bec grêle (Numenius tenuirostris, de son joli nom scientifique), dont l’aire de répartition très vaste s’étendait des zones humides côtières du Moyen-Orient aux steppes humides de Russie centrale. Première extinction d’une espèce continentale d’oiseau en Europe, liée probablement au drainage intensif des zones humides pour l’agriculture, aggravée par la chasse dont le petit limicole a subi la pression.

Mais qui se soucie encore de ce petit oiseau à bec grêle ? Certes pas la cohorte des illuminés de la tech qui ont fait de l’intelligence artificielle leur nouvel eldorado ; moins encore les Bezos, Musk ou Zuckerberg, ces nouveaux prométhéens rêvant de terraformer Mars ou Vénus ou de remplacer l’homme par des robots intelligents.…  Seguir leyendo »

Le 25 janvier 2019, le Brésil a été le théâtre d’une tragédie encore aujourd’hui impunie. En quelques minutes, l’effondrement du barrage minier de Brumadinho, géré par la société minière brésilienne Vale, libérait l’équivalent de 4 000 piscines olympiques de boues toxiques. 272 personnes perdirent la vie, des kilomètres de terres furent détruites par 12 millions de mètres cubes de résidus miniers. La rivière Paraopeba, un écosystème crucial du Brésil, était contaminée.

A l’origine de l’enfer de Brumadinho, aucune fatalité, mais de flagrantes négligences de la société exploitant le barrage. Pire, ces manquements étaient couverts par une société de certification allemande : Tüv Süd, elle-même liée par des intérêts financiers à son client.…  Seguir leyendo »

Une file de voitures en provenance de Syrie bloquées au niveau du poste-frontière de Masnaa, en décembre 2024. Mohammad Yassine/L’OLJ

Après la chute du régime de Bachar el-Assad au début du mois de décembre 2024, les réfugiés syriens du Moyen-Orient et du monde entier pourront enfin envisager de rentrer chez eux. De l’autre côté de la frontière, au Liban, après des mois de guerre dévastatrice avec Israël, la nouvelle année a commencé sur une note positive avec l’élection de Joseph Aoun à la présidence de la République. Dans ce contexte de double transformation politique majeure, l’avenir des réfugiés syriens au Liban reste dans l’incertitude et nécessite une approche plus cohérente.

Dans son discours d’investiture, M. Aoun a souligné son engagement à faciliter le retour des réfugiés en Syrie en établissant un cadre politique clair et applicable en coopération avec le gouvernement syrien.…  Seguir leyendo »