Un café, des idées, l'addition

Au Café Gijón en juillet 1984.Photo Efe. Sipa
Au Café Gijón en juillet 1984.Photo Efe. Sipa

Du Cafe Society de New York, antichambre du mouvement pour les droits civiques, à la Bellevilloise de Paris, lieu d’une utopie sociale, en passant par le Café Riche du Caire, des écrivains, des historiens et des géographes retracent l’histoire de lieux où ont émergé de nouveaux courants intellectuels, politiques ou artistiques.


La Bellevilloise, de la faucille aux bobos. En 1877, alors que le Paris populaire se relève difficilement de la Commune, des ouvriers créent une coopérative et se lancent dans l’œuvre sociale et culturelle. Proche du Parti communiste dans les années 20, la Bellevilloise est désormais un café branché. Par Mathilde Larrère, historienne.

Derniers fantômes au Café Gijón de Madrid. Lieu chéri pour les causeries tant prisées des Espagnols, ce café a vu passer artistes et écrivains célèbres comme le Tout-Madrid. S’il joua un rôle important dans la vie intellectuelle des années 50 et 60, son temps a passé. Désormais, tout se joue sur les places, et à ciel ouvert. Par Pierre Ducrozet, ecrivain et historien.

A l’Athénée Palace, ambiance Grand Bucarest Hotel. Depuis le café de cet hôtel Art déco de Bucarest construit en 1912, intellectuels, monarques, hommes politiques, espions et dames de compagnie furent souvent aux premières loges de l’histoire roumaine. Par Irène Costelian, correspondante à Bucarest.

Zurich: le Café Odeon, théâtre des avant-gardes révolutionnaires. A Zurich, ville emblématique de la Réforme protestante, sixième place bancaire au monde, des révolutions, artistiques ou politiques, se sont fomentées sous les lustres de cristal et dans les odeurs de tabac de ce café si viennois. Lénine y a appris l’éclatement de la révolution de 1917, et Joyce y a écrit «Ulysse». Par Manouk Borzakian, Géographe.

Bagdad cafés: Après des années de guerre et de dictature, les cafés raniment la capitale irakienne. Une occasion de transmission dans une société morcelée par le pouvoir des tribus et des milices sectaires, et qui a presque oublié que l’Irak était «la terre des artistes, musiciens et poètes». Vieux habitués, cinéastes, journalistes y croisent leurs cadets étudiants. Par Hala Kodmani.

Le Rick’s Cafe, un ersatz de «Casablanca». Copie pas tout à fait conforme du night-club du célèbre film américain, le Rick’s Cafe, créé en 2004, répond à la définition que Jean Baudrillard donne d’un simulacre : la copie d’un lieu qui n’a jamais existé. Par Jean-François Staszak , Professeur de géographie à l’université de Genève.

Le Cafe Cinema de Berlin, symbole oublié de la réunification allemande. L’acte de naissance du Cafe Cinema porte la date symbolique du 2 octobre 1990 à 22 heures, soit deux heures avant la disparition officielle de la RDA et la proclamation de l’Allemagne réunifiée. Il appartenait à la Fédération de l’industrie du film et de la télévision de la RDA. Il fut l’un des premiers lieux de rencontre entre Allemands de l’Est et de l’Ouest. Par Boris Gresillon, géographe et spécialiste de Berlin.

Phnom Penh: ce bar où les reporters attendaient les Khmers rouges. C’est à l’Hôtel Royal de Phnom Penh, et non pas au Foreign Correspondents Club, que se retrouvaient les reporters au Cambodge durant la guerre de 1970-1975. Ils y côtoyaient agents secrets, marchands d’armes, diplomates, planteurs et écrivains de passage comme Le Carré et De Villiers. Par Jean-François Bouvet, auteur de «Havre de guerre. Phnom Penh, Cambodge (1970-1975)» (Fayard, mai)

Le Florian, plus vénitien que Venise. Inauguré en 1720, le Florian fut salon pour courtisanes, hôpital de campagne, repère d’espions… Parmi ses célèbres fantômes, on compte Rousseau, Wagner, Proust, Sand, D’Annunzio… Par Andrea Molesini, écrivain, poète et traducteur italien (vénitien).

Le Caire : rendez-vous au Riche. Devenu une adresse touristique et patrimoniale, fréquenté par Naguib Mahfouz, le Café Riche a repris vie en 2011, en accueillant les jeunes manifestants de la place Tahrir et leurs débats politiques. Jusqu’à l’arrivée de Sissi au pouvoir. Par Karoline Kamel, écrivaine et journaliste égyptienne.

New York : au Cafe Society, le jazz à l’avant-garde des droits civiques. En décembre 1938, Barney Josephson ouvre le légendaire club de jazz Cafe Society, et fait tomber une barrière de la ségrégation raciale : les Afro-Américains ne sont pas seulement sur scène mais aussi dans le public. On considère le Cafe Society comme une antichambre du mouvement pour les droits civiques, qui naîtra dans les années 50. Par Isabelle Hanne, correspondante à New York.

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